Écriture et Agilité - Partie 1

Introduction à l’Agile


L’Agile, Scrum… ça vous parle ? 

Si vous êtes un ou une écrivain.e pur.e et dur.e sans autre activité, il y a peu de chance. C’est le genre de mots qu’on entend plutôt en entreprise, et le plus souvent en informatique. En tout cas, là où il y a des équipes à gérer. 

Qu’est-ce que c’est ? Et pourquoi j’en parle ? 

C’est une méthode de travail. Et j’adore les méthodes de travail. <3 

L’écriture, c’est solitaire et il est parfois difficile de garder la motivation nécessaire pour avancer régulièrement, de tenir la cadence tout en produisant des textes de qualité. Pour ne rien arranger, au bureau en face de moi, il y a un informaticien en télétravail qui raconte (parfois) des trucs super intéressants pendant ses réunions en visio. Je l’entends parler de rôles comme dans les RPG, de poker planning, de chiffrer avec la suite de Fibonacci… je l’ai vu déplacer des cartes dans de jolis tableaux colorés… Mmh… 

Oui, je suis du genre curieuse. 

Bref, je l’ai beaucoup interrogé sur ce qu’il faisait, j’ai mariné un moment le truc, j’ai fait des tonnes de recherches… pour finalement réaliser ma propre méthode de travail basée sur l’agile, j’ai appelé ça :

 L’Agile adaptée aux écrivain.e.s !


Alors, pour commencer, l’agile, c’est quoi ? C’est une façon de travailler par itérations, qui s’oppose au cycle en V. 

Le cycle en V c’est une méthode de travail linéaire et… plus traditionnelle qui ressemble à la vision qu’on se fait des architectes, en écriture. D’abord, on crée un plan précis de A à Z, puis on rédige le roman en entier, en assurant les corrections au fur et à mesure. Quand vient le moment de poser le point final, le roman est complet. 

Il parait que certains y arrivent… pour moi c’est une chimère. 

Et donc en agile, on fonctionne plutôt par itérations. La réflexion préliminaire va être large, le plan global, le premier jet léger, et c’est au fil du travail que plan et texte prennent de l’ampleur et de la qualité. L’intérêt principal étant de faciliter l’intégration des nouvelles idées, de régler les problèmes imprévus, soulevés par exemple par un alpha lecteur… bref, d’accepter les changements avec agilité et efficacité. 

En réalité, vous connaissez sûrement déjà le travail itératif. La méthode flocon, par exemple, est une méthodologie par itérations successives. 

Pour continuer dans les définitions, une itération, c’est quoi ? Quand on sait qu’on va passer plusieurs fois sur son texte, une itération, c’est un passage. Mettons qu’on fasse un premier jet, une suppression de personnage, une réécriture et une correction de forme, ça donne quatre itérations. Quatre fois où on va reprendre le texte de A à Z dans un but différent. À chaque fin d’itération, on est censé avoir accompli quelque chose. 

Ce que je vous propose dans cet article, c’est : 
  • Une expérience de travail qui se situe entre architecte et jardinier (jarditecte)
  • De procrastiner ton roman tout en travaillant dessus. 
  • D’avoir un cadre dans un métier où il y n’y en a pas beaucoup
  • Tout en gardant une bonne dose de liberté
  • De faire des réunions tout seul 
  • Et cerise sur le gâteau qui s’assure aussi que vous progressiez en temps qu’écrivain. 

Ça se tente ?

Si oui, je vous invite à me suivre pour une série d’articles sur le sujet. <3 

Alors, comment on s’y prend ? Mettons qu’on attaque un nouveau roman. (Ça tombe bien, c’est bientôt le NaNoWriMo.)

# Étape 1 : Début d’Itération et Vision. 

Ouvrons Scrivener. (Parce que c’est le logiciel d’écriture que je connais le mieux et utilise le plus, mais vous pouvez sûrement adapter à votre environnement de travail favori.)

Nous commençons directement dans le vif du sujet en créant un fichier dans lequel il va s’agir de rassembler tout ce qu’on sait de l’histoire, même si à ce stade, c’est très vague. C’est le moment de tout déballer, de tirer sur la pelote, de lister des personnages… On crée la Vision. 

La vision, c’est une représentation claire de ce que vous souhaitez réaliser avec votre projet et l’orientation que vous voulez lui donner. Elle doit être écrite et toujours accessible afin de pouvoir facilement s’y référer. S’y trouvent le résumé de l’intrigue, des intrigues secondaires, la liste des personnages principaux et de leurs motivations, des personnages secondaires avec leurs traits les plus marquants, les thèmes de l’histoire, les sensations liées à l’idée de base, l’ambiance, l’univers et même le public cible. C’est comme un cliché de l’état de vos connaissances à un instant précis. Il va de soi qu’on devra y revenir plus tard. 

Ensuite, nous allons mettre un peu d’ordre dans ce chaos originel et trier ce qu’on garde du reste, classer et approfondir les personnages, rassembler et étoffer les intrigues… bref, en faire un document consultable.

C’est déjà du travail. Je reviens avec la suite très bientôt, promis.